III.− Emploi trans. indir.
A.− Croire + à + subst. Être persuadé de quelque chose par adhésion de l'esprit, de manière rationnelle, mais aussi avec confiance.
B.− Croire + en + subst. Apporter une adhésion totale mais personnelle, en y attachant une valeur éthique qui porte l'individu à se comporter en conséquence avec confiance et amour.
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A:1. [Le subst. désigne une pers.] Croire à qqn.
a) Être persuadé de l'existence réelle de quelqu'un. Croire à Dieu, au diable.
- Il m'a même dit qu'il avait cru au diable avant de croire à Dieu (Gide, Journal, 1914, p. 491).
- Certains ont cru aux anges, aux démons, aux génies (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 878) :
- − Et puis quand il va s'apercevoir que je me suis fichue de lui, dit Sylvaine, ça va être terrible! − Oh! il a cru au gosse; il croira bien à une fausse couche. (Druon, Les Grandes familles, t. 2, 1948, p. 135.)
b) Croire à une catégorie de personnes, y ajouter foi; s'y fier.
- Croire aux astrologues, aux médecins (Ac. 1798-1932).
- Ce qui lui manquait [à Manette] pour l'aimer [Coriolis], c'était d'y croire, d'avoir foi en lui (Goncourt, M. Salomon, 1867, p. 217).
- Ne te fie pas à la jeunesse, crois aux vieillards (A. France, Vie littér., 1890, p. 357) :
- Ce groupe met à sa tête un homme que j'estime comme particulier, auquel je ne crois pas comme homme politique... (Sand, Correspondance, t. 3, 1812-76, p. 211.)
a) Penser que quelque chose a une existence réelle. Croire à l'âme, à l'immortalité.
- Vous m'avez dit, mon Dieu, de croire à l'enfer (Teilhard de Ch., Milieu divin, 1955, p. 189) :
- Les plus grands esprits sont toujours des esprits sceptiques. Ils croient cependant à quelque chose : ils croient à tout ce qui peut les rendre plus grands. C'est le cas, par exemple, de Napoléon, qui croyait à son étoile, c'est-à-dire à soi-même. Or, ne pas croire aux croyances communes, c'est évidemment croire à soi, et souvent à soi seul... (Valéry, Variété III, 1936, p. 220.)
- Il [Leconte de Lisle] a cru dur comme fer à une Grèce qui n'a jamais existé que dans le cerveau de son ami [Louis Ménard] (Barrès, Voy. Sparte, 1906, p. 4).
- Ah, messieurs! croyez à l'Assemblée de vos représentants (Le Moniteur, 1789, p. 347). [Ils] ont cru aux dés (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 569) :
- Car il [Brichot] avait cette curiosité, cette superstition de la vie, qui unie à un certain scepticisme relatif à l'objet de leurs études, donne dans n'importe quelle profession, à certains hommes intelligents, médecins qui ne croient pas à la médecine, professeurs de lycée qui ne croient pas au thème latin, la réputation d'esprits larges, brillants, et même supérieurs. (Proust, Du côté de chez Swann, 1913, p. 251.)
- ... vous êtes capable de mourir pour une idée, c'est visible à l'œil nu. Eh bien, moi, j'en ai assez des gens qui meurent pour une idée. Je ne crois pas à l'héroïsme, je sais que c'est facile et j'ai appris que c'était meurtrier. Ce qui m'intéresse, c'est qu'on vive et qu'on meure de ce qu'on aime. (Camus, La Peste, 1947, p. 1349).
- [Je] vous prie de croire, mon Général, à mes sentiments profondément et fidèlement dévoués (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 571).
- On ne peut rien dire encore (...). Je croirais à une fièvre cérébrale. L'excitation nerveuse est très intense (A. France, P. Nozière, 1899, p. 24) :
- On peut l'avoir poussée, certes, mais sans lui donner de coups, sans qu'elle se défende... − On ne l'a pas poussée. − Vous croyez donc à l'accident? (Simenon, Les Vacances de Maigret, 1948, p. 62.)
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