I. − Empl. trans. Disposer de quelqu'un | être en possession de quelque chose | être en état de garder cette chose.
A. − Avoir (entre les mains, à sa disposition) 4. Qqn tient qqc. (ou un animal)
- a) Avoir en sa possession, à son usage.
- b) En assumer la responsabilité d'une manière suivie, remplir les obligations qui s'y attachent.
- c) Exécuter ce à quoi on s'est engagé, accepter de mettre en jeu une certaine somme, relever un défi.
- d) (En) être victime.
* * *
a) Avoir en sa possession, à son usage(= détenir, posséder).
- Tenir la grande forme:
- 1. [La Terreur] est prétentieuse et déçue (...). Elle a ces défauts-là, et bien d'autres. Mais elle tient une vertu, qui passe de loin ses défauts: dans un domaine, trop souvent livré à la manie comme à la complaisance, elle refuse profondément le hasard, l'ombre, la confusion. (Paulhan, Fleurs Tarbes, 1941, p. 59.)
- Déjà la Terre Promise me fatiguait et je me sentais de ceux qui ont pour plus agréable de courir que de tenir (Arnoux, Juif Errant, 1931, p. 19).
- Il prépare obstinément ses fils à l'imiter, en vue de la retraite, aussi certaine que misérable, au moyen de laquelle lui et eux termineront leur carrière. Un bon tiens vaut mieux que deux tu l'auras (Gobineau, Pléiades, 1874, p. 88).
- Comment posséderait-il [le Turc] légitimement une terre qu'il ne sait pas cultiver? La violence tient, elle ne possède jamais (J. de Maistre, Corresp., 1807, p. 285).
- Le chanoine lut la dénonciation avec la comtesse, et il fut convenu que, dans la journée, il lui en ferait tenir une copie par une personne sûre (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 85):
- 2. Lettre du général de Gaulle à Sir Alexander Cadogan, Sous-secrétaire d'État permanent au Foreign Office. Londres, le 21 janvier 1941. Mon cher sous-secrétaire d'État, Vous avez bien voulu me faire tenir un mémorandum exprimant le point de vue du Gouvernement britannique au sujet de la situation en Indochine. (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 338.)
- Tenir la banque. V. banque1. Tenir (un bien) à bail/à loyer. En tenir une couche* (de bêtise). Tenir le (bon) filon*. Tenir une (bonne) muffée*.
- Tenir une maison, un rôle, une session.
- Mais pour tenir cet office, encore faut-il qu'il existe [le groupe professionnel] et qu'il ait même pris assez de consistance et de maturité pour être à la hauteur du rôle nouveau et complexe qui lui incomberait (Durkheim, Divis. trav., 1902, p. xxxvi).
- Tenir compagnie* (à qqn). Tenir le beau rôle*.
− Assurer la gestion de quelque chose; élever des animaux. Tenir une librairie, une pension.
- Rappelez-vous que le gâteur d'arbres contre lequel un garde me serait utile est mon fermier lui-même, qui laisse ses métayers tenir des chèvres, les mener dehors et permet d'ébrancher autrement qu'il n'est convenu (Sand, Corresp., t. 5, 1864, p. 43).
- Ma mère et mon frère cadet tenaient la boulangerie et s'y tuaient de fatigue pour assurer mon entretien au grand séminaire (Billy, Introïbo, 1939, p. 91).
− Proposer habituellement à la vente.
- La maison A. Popinot tient également des huiles de la droguerie, comme néroli (...), huile de café, de ricin et autres (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 182).
- [P. métaph.] M. Ohnet est au premier rang de ceux qui tiennent cet article-là [des « histoires » qui donnent l'impression que « c'est de la littérature »]; il est incomparable dans sa partie; il sait ce qui plaît au client, il le lui sert, il le lui garantit (Lemaitre, Contemp., 1885, p. 355).
- Son père (...) répétait: − Oui ou non, peux-tu tenir l'harmonium? − Je ne sais pas, je n'ai jamais essayé, répondit Lucienne (...). Mme Haudouin vint au secours de sa fille. − Ce n'est pas du jour au lendemain qu'elle peut se mettre à l'harmonium. Il faut une certaine habitude (Aymé, Jument, 1933, p. 124).
− [Équivaut, dans les loc. ci-après, à un enregistrement d'informations par écrit]
- Tenir un carnet, une comptabilité, un compte, le(s) compte(s) de qqc.; tenir un journal. Tenir compte d'une somme à qqn. ,,Lui passer cette somme en compte`` (Ac. 1798, 1835).
- Le débiteur doit tenir compte au créancier des dépenses utiles et nécessaires que celui-ci a faites pour la conservation du gage (Code civil, 1804, art. 2080, p. 373). Tenir registre*.
- [Au passif.] Il sera tenu un état exact, en forme de procès-verbal, de tout ce qui se fera et se remarquera dans les expériences (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 204).
- (Ne) tenir (aucun) compte* de qqn, de qqc.;
- ne tenir ni compte ni mesure;
- sans tenir compte de;
- compte* (non) tenu de.
- Tenir une assemblée (ou un terme équivalent). La réunir en séance pour la présider, y participer en tant que membre.
- Une tente fut dressée pour tenir les conférences (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 213).
− [Sur le plan de l'information et de la communication] Tenir un/des discours, un langage*.
- Je me tins avec lui le raisonnement que les diacres avaient pu se tenir avec moi: « Il faut être accueillant... » (Billy, Introïbo, 1939, p. 74).
- [Empl. pronom. à sens passif.] Il entendait en lui-même les propos qui se tenaient sur la place du village: « Elle a volé dans un couvent » (Jouve, Paulina, 1925, p. 257).
- Il a perdu son procès, il en tient (Ac. 1835).
- [Fam.] Il a bu plus que de raison, il en tient (Ac. 1835). ,,Il est ivre`` (Ac. 1835).
♦ Arg. Tenir des cornes. ,,Être trompé par sa femme`` (Rigaud, Dict. jargon paris., 1878, p. 323).
♦ En tenir pour. Être épris de, avoir de l'inclination pour.
- Les gens d'ici sont trop bêtes, les jeunes ferment le bec, les vieux font semblant de ne rien voir. Ils en tiennent pour les boniments de l'instituteur (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1412).
- Tenir les délais; tenir (sa) parole.
- − Je mets trois mille francs, dit Romero. Les tenez-vous? − Parbleu! dit Villalba. − Huit, dit Romero. − J'ai perdu, dit Villalba; doublons la mise (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 294).
- Lui aussi avait vécu comme un enfant, il avait tenu la gageure avec elle, soutenu ce défi jusqu'à ce (...) [qu'] il se fût enfoncé dans la mort (Bernanos, Joie, 1929, p. 680). V. gageure A ex. de France.
- Promettez pour demain: ne tenez que dans la quinzaine (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p. 178):
- 3. Fernand tira un louis de sa poche. − Je tiens, dit-il, pour que chacun de ces messieurs fasse usage de ses pistolets. − Et moi pour l'inverse, dit le baron. Fernand jeta le louis en l'air. − Face, dit le baron. Le louis retomba et montra son revers écussonné. Fernand avait gagné. (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 402.)
- [Proverbe.] Promettre* et tenir sont deux.
- [Empl. pronom. réciproque indir.] Je pense aux années qui passent... À ce qu'on s'était promis, et à ce qu'on s'est tenu (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 284).
- [Empl. pronom. à sens passif.] Sous l'influence d'une idéalisation de la femme, il [le choix sexuel] en fait « la promesse qui ne se peut tenir » (Claudel) et dont l'épuisement désaxera l'existence (Mounier, Traité caract., 1946, p. 153).
- Tenir des engagements. V. engagement B 2 b ex. de Gide.
- Tenir le/son pari*.
- Tenir sa/ses promesse(s)*.
- Qu'est-ce que je tiens comme mal au crâne (Sartre, Mains sales, 1948, 5e tabl., 1, p. 180).
- Tenir le choc, le coup.
- Frédie, par de minuscules coups d'ongle sur la table, vient de m'annoncer que j'ai battu le record, que j'ai tenu plus de huit minutes la pistolétade. Huit minutes, Folcoche! Et je continue (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 81).
♦ Tenir une boisson alcoolisée. (Pouvoir) en boire abondamment sans sombrer dans l'ivresse.
- Habitués dans leur pays à boire le vin de palme et l'eau-de-vie de mil, ils [les Sérères] tenaient merveilleusement l'alcool (Tharaud, Randonnée Samba Diouf, 1922, p. 168).
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